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Clément CAMBOURNAC

Journal et lettres de Clément CAMBOURNAC"poilu" de la Grande Guerre

Y penser toujours, n'en parler jamais
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Mesdames, Messieurs, c’est au nom de la vielle amitié qui m’unit à Mr Cambournac, que je prends la parole dans cette pieuse cérémonie. 

D’autres voix plus autorisées que la mienne retracent la brillante carrière de l’aide-major Clément Cambournac et vous diront avec quelle abnégation sublime il fit simplement en héros le sacrifice de sa vie pour son pays. Si je ne puis en termes assez éloquents glorifier le caractère et la générosité suprème de ce brave, je tiens à exprimer mon enthousiasme pour cet enfant modèle, merveilleusement doué, qui s’imprègne dès son jeune âge des principes les plus purs, les plus élevés et qui leur reste fidèle jusqu’à la mort. Rien n’est plus propre à mettre en relief le mérite de Clément Cambournac que sa fin glorieuse qui a été le couronnement de sa valeur. Blessé dans un terrible combat, il refuse de se laisser évacuer. Les soldats sont là autour de lui qui attendent ses soins : son grand coeur ne peut se décider à les abandonner. Il oublie sa blessure, ses propres souffrances et se multiplie autour de lui : console les mourants, soigne les blessés et adresse de touchantes exhortations à ceux qui luttent. Sa foi patriotique, son zèle religieux le soutiennent. Mais il a trop présumé de ses forces ; la blessure s’aggrave et sa fin approche. Son père prévenu arrive en grande hâte le coeur angoissé. Une douce et dernière étreinte les unit. Et voici qu’on décerne au mourant la croix des braves,la croix de la Légion d’Honneur ! Et le brave enfant dans un effort suprème murmure : “ Père, êtes vous content ? “ Certes, qu’il dut être étrangement broyé d’émotion le coeur de ce père bien-aimé, à cette heure si glorieuse mais combien cruelle ! Oh ! comme vous devez, cher ami, être fier d’un tel enfant ! C’est vous éducateur d’élite qui avez le premier ouvert son coeur à l’honneur, à la foi et à l’amour de la patrie, et qui avez eu l’immense bonheur (chèrement payé hélas !) de le voir resté fidèle à l’idéal que vous lui aviez enseigné. Que la beauté du sacrifice consenti par le Major Clément Cambournac soit un exemple pour les jeunes et pour vous Mr l’Abbé digne frère du martyr que nous pleurons, pour vos parents et vos soeurs attristées une suprême consolation. “Heureux ceux qui sont morts pour une juste guerre, heureux les épis mûrs et les blés moissonnés ! “ Nous nous inclinons bien bas devant ces restes glorieux et dans le silence de la douleur, dans la muette effusion des larmes, nous vous disons au revoir, jeune héros ! au revoir dans ce mystérieux “au-delà” où nous vivrons éternellement réunis dans une atmosphère de joie, de lumière et de paix.

 

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