entete

Clément CAMBOURNAC

Journal et lettres de Clément CAMBOURNAC"poilu" de la Grande Guerre

Y penser toujours, n'en parler jamais
contexte0

texte43
Oraison funèbre
Discours prononcé par le médecin-chef des hôpitaux de Revigny (Meuse) sur la tombe du médecin aide-major Clément Cambournac

Les officiers du Groupe de Brancardiers de la 37ème division auquel appartenait Mr le Médecin Aide-Major Cambournac, retenus par des obligations impérieuses, m’ont chargé de déposer en leur nom une couronne sur le cercueil de leur ami regretté. Je crois être leur interprète en adressant au nom de la famille méd(decin) m(ajor) que sa conduite honore grandement, un dernier adieu au camarade tombé, victime de son dévouement et de son courage. Je ne connaissais nullement le Docteur Cambournac ; j’ignore ses états de service. Mais de sa vie si courte je sais deux faits qui suffisent à dépeindre l’élévation de son caractère. Le 15 juillet 1916 il méritait une citation à l’ordre de l’Armée par sa brillante conduite à la tête d’un Groupe de Brancardiers qu’il entrainait nuit et jour, sans repos ni trève, à la recherche des blessés sous un feu meurtrier. 

Le 15 de ce mois, atteint gièvement au cours des derniers succès devant Verdun, il restait obstinément sourd à ce sentiment instinctif qui entraine irrésistiblement tout blessé loin du terrain de la lutte et décidé malgré tout à rester à son poste, il continuait à accomplir son devoir, plus que son devoir, alors que de fuir eut été le salut. 

Nous avons apprécié ici-même son courage devant la douleur jusqu’à ses dernières heures de souffrance, illuminées pourtant par deux grandes joies : l’arrivée de ses parents à son chevet, et la Croix de la Légion d’Honneur que j’eus la triste consolation de lui remettre hier, peu d’instants avant sa mort inexorable. Reposez en paix, mon cher ami. Vous emportez de nombreux et vifs regrets. Mais au profond chagrin de votre famille peut et doit se mêler une légitime fierté, à la pensée que la brièveté de votre vie fut couronnée par la beauté d’une mort exemplaire et que vous avez bien mérité de votre Pays. ! ! ! atmosphère de joie, de lumière et de paix.

 

page suivante