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Clément CAMBOURNAC

Journal et lettres de Clément CAMBOURNAC"poilu" de la Grande Guerre

Y penser toujours, n'en parler jamais
contexte0

Situation inchangée ; exercices de brancardiers aussi inutiles qu’ennuyeux.

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4, 5 nov.

Situation inchangée ; exercices de brancardiers aussi inutiles qu’ennuyeux.

6 nov.

De service à Oolencourt ; promenade dans le bois ; nous sommes installés en face la maison du garde dans une vaste cabane en planches qui ressemble plutôt à une cage à poulets. Le soir visite d’Angélé ; je fais la connaissance de Lenoir élève de l’E.S.S.M., médecin aux(iliaire) aux Alpins ; balade au poste des tirailleurs avec Angélé ; étant très courbaturé je me fais administrer une friction ; mais j’oublie mon mouchoir, ce qui me vaut la peine de retourner le soir, vers les 7 heures et d’entendre les balles siffler au dessus de nos têtes, étant en compagnie du capitaine Beyraud. Bonne manille dans la cabane, suivie d’une longue roupillade.

7 nov.

Nous voyons passer (un) prisonnier il porte tout au plus 16 ans ; c’est un vrai gosse ; il s’est d’ailleurs battu comme un vrai lion lorsqu’on a voulu l’arrêter. Il parle très bien le français ; on se sent désarmé en face de pareils adversaires ; je me prends à éprouver de la sympathie pour ce pauvre gosse dont la figure est empreinte d’une certaine impression de douceur. Le soir nous le revoyons à Offémont entre 2 gendarmes.

8 nov.  dimanche.

De service à Bimont ; journée affreusement ennuyeuse par un temps froid et humide ; je vais embarquer à Offémont 2 blessés dont l’un très gravement à la tête, un jeune sergent de tirailleurs qui quelques jours avant nous parlait de la vie dans les tranchées. La nuit, mal de dents épouvantable. Comme chez les tirailleurs avec le Dr Sorel.

9 nov.

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10 nov.

Je vais à Compiègne me faire soigner les dents ; je pars à bicyclette ; à Francport, j’ai l’agréable surprise de rencontrer sur la route Belugou qui m’apprend son affectation et celle de Carayon et Cristol à l’ambulance 3. Je vais les voir tous l’un à l’ambulance et l’autre à l’annexe installé dans une somptueuse habitation ; dans un couloir obscur, je suis salué par un aviateur militaire qui se présente à moi, engage la conversation, puis me présente ses beaux-parents et sa femme. Je m’entends saluer “M. le Min Chef” ! ! Ça y est, je me trouve devant les propriétaires de la maison qui m’ont pris pour le patron de l’ambulance ; il est trop tard pour les détromper et j’en suis réduit à tenir mon rôle jusqu’au bout ; j’y réussis d’ailleurs assez bien malgré une irruption de Cristol un peu trop exubérant dans ses effusions cette fois. J’arrive enfin à me tirer des pattes et nous nous payons une bonne bosse de rire. Bélugon et Cristol m’accompagnent jusqu’à Choisy-au-Bac. Excellente soirée à Compiègne.


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