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Clément CAMBOURNAC

Journal et lettres de Clément CAMBOURNAC"poilu" de la Grande Guerre

Y penser toujours, n'en parler jamais
contexte10 Les 30 et 31 octobre, attaques françaises et prise de la ferme Quennevières

c’est la première attaque à laquelle nous assistons

texte10
24 oct.

Visite de M. Charles Dumont. Le soir revue par le directeur Valois qui ne parait pas enchanté de notre travail. Pendant la revue, un Taube survole le cantonnement ; on tire dessus ; des tirailleurs amènent une mitrailleuse et se mettent en devoir de le saluer mais le vilain oiseau s’éloigne dans la direction de Paris ; 3 biplans français arrivent aussitôt et se mettent à sa poursuite ; m’est avis que le Taube ne va pas trouver que des roses sur son chemin. Le soir visite à M. l’aumônier.

25 oct.

Messe en plein air auprès du petit cimetière où reposent nos camarades moins heureux que nous. Cérémonie extrêmement émouvante ; 500 ou 600 soldats de toutes armes y assistent avec de nombreux officiers. J’ai le bonheur de pouvoir faire la Sainte Communion. Absoute ; le drap est tenu par 4 officiers dont M. Valois.

Lettre du 25 octobre

27 oct.

Un biplan AviatiK survole Offémont. Le soir nous allons voir le petit 80 de montagne avec lequel on doit aller faire danser les mitrailleuses boches au bois de St Mard.

28 oct.

Fastidieux exercice de salut etc. ...

29 oct.

Clément CambournacAvec l’autorisation du médecin-chef, nous allons Pouch et moi à Compiègne avec la voiture du ravitaillement. Nous traversons la forêt de Compiègne qu’est une vraie merveille et que j’espère bien traverser plus tard en auto. J’ai bon espoir de rentrer sain et sauf tout en faisant tout mon devoir ; dans 6 ou 7 années, quel ne sera pas mon bonheur de revenir visiter ces lieux où j’aurais fait campagne, en compagnie de mes parents et de toute ma famille à qui je serai heureux de rendre un peu de tout ce qu’elle a fait pour moi. Nous nous munissons de vêtements chauds, de provisions, d’un appareil photographique. Déjeuner à l’hôtel de la Cloche. Superbe hôtel de ville. Rapide visite de Compiègne, ville fort agréable. Chez le photographe nous avons le très grand plaisir de rencontrer notre cher camarade Angélé non moins surpris que nous, affecté au 3è tirailleurs. Nous passons la soirée ensemble, à nous raconter les évènements écoulés depuis notre séparation, à nous communiquer nos premières impressions de campagne. Cantonnés non loin les uns des autres, nous pourrons nous voir souvent. Nous repartons ensemble sur sa voiture après avoir posé en groupe chez le photographe. Pose pour moi. Course éffrénée du Puits à Offémont.

30 octobre.

Angélé vient déjeuner avec nous ; nous dégustons un ordinaire délicieusement agrémenté. (Le soir) Au début de l’exercice de brancards, on commence à entendre le canon ; puis à son grondement sourd vient s’ajouter le crépitement de la fusillade ; c’est la première attaque à laquelle nous assistons ; belle et impressionnante musique. La section 3 avec Pouch file sur Tracy-le-M. renforcer les brancardiers de service. Angélé repart en vitesse pour ne pas se faire plaquer par son régiment.

31 oct.

Je suis de service au Puits pendant que le sergent va à Tracy avec le reste de la section. Promenade délicieuse dans le bois. Je vais jusqu’à St Léger où je rencontre Angélé et où je fais la connaissance de St Pol. Invité par eux à un délicieux déjeuner. À mon départ, ils reçoivent l’ordre de se préparer à suivre leur régiment qui va se porter en avant. Je rentre au Puits où je passe une très bonne soirée avec mes hommes ; longue manille ; dîner très agréable dans le bois. Au moment d’aller nous coucher, on me charge de faire porter 3 blessés d’Ollencourt à Choisy-au-Bac. J’y vais avec Pofer et Bousquet. Délicieuse promenade au clair de lune jusqu’à Choisy. Rentrée au Puits à 2 heures du matin.

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