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Clément CAMBOURNAC

Journal et lettres de Clément CAMBOURNAC"poilu" de la Grande Guerre

Y penser toujours, n'en parler jamais
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Je me vois déjà quittant le midi en auto

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24 nov.

À mon lever, je vois une belle couche de neige ; cela cloture une courte période de beau temps. La forêt est splendide sous sa parure blanche ; délicieuse promenade à travers bois ; rencontre d’un officier d’artillerie... Nous voyons à Tracy les nouvelles recrues des zouaves sous leur tenue bleue ou gris. Ils ont fort belle allure et me paraissent devoir faire de la très bonne besogne.

25 nov.

De service à Tracy ; en quête d’un logement potable je vais chez deux braves vieilles qui ont déjà reçu mon ami Pouch et qui acceptent de me faire coucher. Journée fort peu agréable dans un cantonnement ignoble. Le soir je vais retrouver mes deux braves vieilles qui me reçoivent très bien ; je suis un peu traité comme un gosse malheureux ; elles me réchauffent mon lit ; Ah ! que je serai heureux dans quelques années après la guerre de venir remercier ces braves personnes dont le chaud accueil a été pour moi un puissant réconfort. Je me vois déjà quittant le midi en auto, avec plusieurs autos même car je vois tout en grand. J’aurai à coeur de mener Papa, Maman et toute ma famille sur ces lieux où j’ai vêcu des heures parfois assez tristes, et aussi en Alsace où mon cher Urbain aura usé ses clous de souliers. Je me vois conduisant mon auto, en compagnie de Pouch et de mon cher ami Jean SERRET dont je brûle d’avoir des nouvelles.

26 nov.

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29 nov.

De service à Ollencourt. Incident avec ce crétin de sergent que j’envoie à tous les diables, ce qui m’enlève une fameuse épine du pied. Je serai enfin à peu près tranquille. Je vais totalement laisser de côté section et service dont on ne voudrait nous laisser que les ennuis ; or je tiens à avoir les avantages de mes embêtements. Je vais m’occuper comme mes confrères, de ma petite personne ; le service n’en souffrira pas. Nous sommes en effet d’une imbécilité parfaite ; cela m’exaspérait au début, mais j’en prends maintenant mon parti ; je suis à la disposition des autorités ; à elles de mieux m’employer.

30 nov.

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