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Clément CAMBOURNAC

Journal et lettres de Clément CAMBOURNAC"poilu" de la Grande Guerre

Y penser toujours, n'en parler jamais
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l’occasion est unique pour écrabouiller ces maudits allemands

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4 août. 5 août.

Pas de nouvelles ; les réservistes s’échauffent de plus en plus. Maman vient m’annoncer qu’il ne descend plus de réservistes ; la mobilisation est peut-être arrêtée. Cela me cause un certain dépit : l’occasion est unique pour écrabouiller ces maudits allemands ; fort heureusement en arrivant à Espalion on m’apprend d’abord que la guerre est peut-être déclarée et quelques instants après je lis la nouvelle officielle, sans autre émotion qu’un plaisir assez vif. Au Cayrol ma famille qui s’est faite à l’idée de la guerre n’en est pas trop émue ; et puis, le vent patriotique souffle déjà sérieusement même au Cayrol.

6 août.

Papa nous apprend la déclaration de guerre de l’Allemagne à la Belgique, et l’échec de la fameuse attaque brusquée. Bouge pas Guillaume, on t’en fera bouffer des clous de tapissier ! ! !

7 août. 18 août.

“Situation inchangée” : Ma feuille de route n’arrive toujours pas.

19 août.

Je reçois enfin ma feuille de route pour Perpignan, ce qui me donne quelqu’espoir de revoir Urbain et auparavant de voir Pouch aussi à Perpignan.

20 - 23 août.

Je fais mes derniers préparatifs et je pars le dimanche matin par un temps magnifique. De sur l’impériale d’où un faux pas du cheval manque me jeter en bas, je pourrais admirer un paysage merveilleux, mais mes idées ne sont plus très nettes : mon Dieu ! que c’est triste un départ dans ces conditions, lorsqu’on laisse derrière soi des parents, des soeurs en larmes. Pour eux, faites que je revienne de la guerre sain et sauf ! Que tous les sacrifices qu’ils se sont imposés pour moi n’aient pas été faits en pure perte ; j’ai une lourde dette à acquitter et je ne voudrais pas mourir avant de l’avoir fait.

Arrêt à Espalion, Bertholène, Séverac où je rencontre Bonnefous que je n’avais pas vu depuis fort longtemps et Estrade. J’apprends d’eux avec le plus vif déplaisir que nous ferons probablement campagne dans un hôpital de la région. Voyage sans incidents...

24 août.

...jusqu’à Perpignan ; auparavant paysage merveilleux entre Narbonne et Perpignan. On va s’équiper et aussitôt après s’admirer dans les vitrines en tenue militaire. Le ...

25 août.

... lendemain à 9 h.1/2 on se rend à l’école Paul Bert où j’ai le plaisir de rencontrer Sarrat, puis Roujon et enfin Pouch et Julien ; la vie militaire m’apparait dès lors sous un jour fort agréable. Promenade jusqu’au fort où sont les Boches prisonniers qu’on ne veut pas nous laisser voir. Les jours suivants peu de choses à signaler  : mon installation dans la chambre n° 2 (Eyraud-Joly, Pontes, Bourgoing, Lugan, Pouch, Giraud, Ujol, Candelon, Sarrat ; puis Lestrade, Bonnefous et Maurel) 

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