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Clément CAMBOURNAC

Journal et lettres de Clément CAMBOURNAC"poilu" de la Grande Guerre

Y penser toujours, n'en parler jamais
contexte0

Le Foot-Club d'Ollencourt

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18 f.

Bombardement des environs du château et du village. Même pas de dégats.

Le Foot-Club d’O.(llencourt)

footOn s’ennuyait à mourir pendant les tristes journées de novembre ; aucune occupation pour les jours de repos ; on passait 2 heures à faire une volumineuse correspondance ; tout est nouveau, on n’a aucune peine à faire des lettres de 6 ou 8 pages et puis je sais que ça fera tant de plaisir à Papa, Maman, à mes soeurs ; avec Urbain je n’ai pas besoin d’être aussi loquace ; il en sait aussi long que moi sur la guerre. Malgré tout lorsque Lemay et Piquemal lancent l’idée de jouer au ballon, je l’accueille avec plaisir. Quelques jours après, nous jouons notre première partie, vers le début de décembre. Il y a peu d’adeptes mais la qualité compense largement ! Piquemal, Lemay, Pouch, Pica, Bergeaut, etc., Bibi. Mais il n’y a encore aucune organisation. Après les attaques de décembre on trouve quelques joueurs de plus dans le groupe ; Vianey à la 2/75, Perrin de l’artillerie lourde ... les médecins de l’ambulance, Mary, Capette, Souchon, Revelli, Mairet. On fait des parties sérieuses. Avec 2 camps. Les médaux. Jouent un rôle de plus en plus prépondérant, PICA passe ses journées à rafistoler le ballon qui menace ruine. On commence à parler de match . on a appris que l’ambulance 1/1 a, elle aussi une équipe de foot-ball. Finalement, quelques joueurs plus acharnés lancent un défi à des ambulanciers de St Crépin. Le lendemain nous voyons arriver à la villa Cacatoes le médecin-chef Didier avec un margis de tringle qui dirige l’équipe de la 1/1. Ils viennent relever le défi et conclure le 1er match. En quelques instants l’affaire est réglée ; à dimanche prochain. On avertit l’heureux qui est enchanté. Nous nous mettons aussitôt en devoir de former une équipe capable de défendre vaillamment le drapeau du Gbd. Foata qui est arrivé au groupe quelques jours avant nous sera précieux. Après beaucoup d’hésitations, nous arrivons à former la « meilleure équipe » On me fait l’honneur de me bombarder capitaine. Simon, Cambournac, Foata, Salvayac, Guillaumot, Vialleton, Pouch, Fica, Semay, Brigitte, Bergeaud. Le match est définitivement fixé au dimanche ... mars. L’avant veille rapport tapé à ce sujet ; l’enthousiasme est général ; tout le monde parle du grand évènement sportif. Le samedi, je suis de service à O.(llencourt) . Sur la route, nombreux sont ceux qui me demandent des tuyaux, journée fiévreuse à Ollencourt. Le dimanche matin j’apprends que l’équipe de St C.(répin) est formidable, qu’elle compprend des joueurs de bonnes équipes du nord, Massa du stade Raphaelois ancien ch.(ampion) de France, un ch.(ampion) de Fr.(ance) de course à pied. Nous aménageons le terrain. A 1 heure, la foule commence à rappliquer ; au coup de sifflet il y a plus de 300 spectateurs. Il fait un temps splendide ; je perds le camp ; il faudra dans la 1ère mi-temps lutter contre le vent. Vianney arbitre. Emotion intense. Ca commence assez bien. St Cr.(épin) fait plusieurs descentes dangereuses que j’arrête chaque fois. Enfin nos avants poussent dûr ; coup de réparation par Guillomot qui marque le but ; enthousiasme ; mais nos adversaires se reprennent vite et coup sur coup ils marquent 3 buts sur des fautes grossières de Simon. Le Gbd n’en mène pas large ; à la mi-temps j’essaie de remonter le moral des joueurs ; c’est assez dur d’ailleurs ; à la 2è mi-temps, en 10 minutes Brig.(itte) et Lemay marquent 2 buts. Nous voilà à égalité. Les St Cr(épin) en cognent dur ; ils me tombent dessus avec furie, mais chaque fois je m’arrange pour renvoyer le ballon et pour faire rouler à terre le joueur trop brutal. A plusieurs reprises toute la foule m’applaudit ; finalement nous marquons un 4è but au milieu du délire général. La victoire est à nous et nous l’avons encore quand sonne la fin. Vin d’honneur, photos, champagne. A dimanche prochain la revanche à St Cr(épin). Nous modifions un peu l’équipe : Fica, Cam(bournac),  Bergeaud, Vialleton, Guill(aumot), Bonnot, Pouch, Salvayre, Vianney, Brigitte, Foata. Nous allons à St CR(épin). Il fait un vent épouvantable ; nous avons d’abord le vent contre nous, ce qui ne nous empêche pas de marquer 3 à 2 puis 5 à 2 dans la 2è mi-temps où nous tenons nos adversaires à notre merci. Les joueurs qui se sont le plus distingués sont Guillaumot, Trigitte, Vianney et bibi ; cela me fait prendre un goût terrible au foot-ball ; me voilà joueur pour la vie ; on parle de s’inscrire à l’O.L. après la guerre. L’Heureux est aux anges ; son équipe est connue dans toute la région comme la plus formidable de la division ; nous faisons la pluie et le beau temps. Quelques temps après, le lieutenant Raymondet vient me demander un match avec une équipe d’artilleurs. Entre temps, notre 2è équipe bat la 1ère équipe d’un groupe d’artillerie lourde. Celle du 2è groupe de 75 est matchée ; match nul très disputé ; bonne angueulo du capitaine du F.C.O. Nouveau match avec Perrin avec le concours de Piquemal ; nouvelle victoire. L’Heureux ayant eu l’idée saugrenue de modifier lui-même l’équipe, les joueurs se découragent. Match avec les tirailleurs (avec qui nous avions fait un nul) qui nous battent par 5 à 2 ; il est vrai de dire que 2 de nos bons joueurs étaient absents et que 3 autres étaient saoûls.

... ... fin du 2ème carnet.


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